QUELLES CONSÉQUENCES POUR LES PARTICULIERS QUI VEULENT FAIRE DES TRAVAUX?

Sera-t-il toujours aussi intéressant de rénover son logement? Alors que cette année, l'Etat prévoyait de consacrer 1,6 milliard d'euros supplémentaires à MaPrimeRénov, soit un budget total de 5 milliards d'euros, il a finalement été décidé que l'augmentation serait moins importante que prévu, le gouvernement essayant de trouver 10 milliards d'euros d'économies.

Ainsi, l'augmentation de MaPrimeRénov ne sera que de 600 millions d'euros en 2024 a déclaré Bruno Le Maire, ministre des Finances. De son coté, Thomas Cazenave, ministre des Comptes publics, a précisé: "On révise le budget qu'on va consacrer à MaPrimeRénov', il va continuer à augmenter mais de manière moins importante. D'abord car on doit faire des économies et d'autre part parce que Christophe Béchu a entrepris une révision du calcul du diagnostic de performance énergétique qui peut changer le nombre global de logements à rénover."

Les conséquences pour les particuliers

Mais pour les particuliers qui se sont lancés dans des travaux, le rabotage du budget va-t-il changer quelque chose?

"Nous n'avons aucune précision sur les conséquences pour les particuliers ni sur qui portera cette réduction budgétaire de 1 milliard d’euros", explique Romain Villain, DG de Heero, spécialiste de la rénovation énergétique.

Pour autant faut-il s'alarmer si vous aviez prévu de lancer des travaux? Pas vraiment, car dans les faits le manque d'artisans RGE aurait pour le spécialiste "naturellement" fait faire des économies à l'Etat, "alors que l’obtention des aides est conditionnée à la réalisation des travaux par eux". D'ailleurs en 2023, la totalité du budget MaPrimeRénov' n’avait finalement pas été allouée laissant 300 millions d’euros non utilisés.

Et l'Etat pourrait aussi changer un peu les règles du jeu, continue Romain Villain:"Il pourrait s'agir de nouveaux barèmes de remboursement ou de nouvelles règles qui s'appliqueront à une date donnée. Il est possible que les ménages à revenus intermédiaires soient concernés par cette moindre hausse du budget que prévu… mais l’annonce de ne réserver obligatoirement Mon Accompagnateur rénov qu'aux ménages modestes est déjà une source d'économies".

Et pour ceux qui ont déjà entamé les travaux ou qui ont obtenu un engagement de prise en charge? Pas de panique, "ils ne verront pas leur montant de prise en charge baisser ".

De la complexité

Des nouvelles annonces qui vont certainement "engendrer d’incompréhension et d’attentisme chez les particuliers qui différent alors leur projet de rénovation", regrette Romain Villain.

Et du côté des professionnels du bâtiment, les réactions ne se sont pas faites attendre. Sur X (ancien Twitter), la Fédération française du bâtiment "s'insurge contre cette coupe franche, trois jours seulement après l'échange avec les ministres de la Transition écologique et du Logement, afin de relancer MaPrimeRenov'. Où est la cohérence ?"

De son coté, la Fnaim a immédiatement posté: "1 milliard d'économies annoncé sur MaPrimeRenov VS 53 milliards du secteur du logement pour les finances publiques en 2022! Incompréhensible alors que les obligations de travaux énergétique imposés par la loi doivent s'accélérer. Quelle est la logique?"

Des changements pour 2024

Fin janvier, l'Agence nationale de l'habitat dévoilait son bilan pour l'année précédente. En 2023, un peu plus de 560.000 rénovations avaient bénéficiées du dispositif. "Le nombre de logements rénovés s'établissait à 623.790 en 2023 contre 670.000 en 2022", en deçà de l'objectif de 700.000 mais représentant des aides équivalentes de 3,12 milliards d'euros. "Sur ce total, 569.243 étaient des rénovations énergétiques qui bénéficient de MaPrimeRénov'", le dispositif phare de l'Anah.

Pour rappel, cette année des gros changements sont prévus dans les nouveaux barèmes de MaPrimeRénov. Les grands gagnants seront ceux qui se lanceront dans des rénovations globales. On parle d'au moins deux travaux d'isolation permettant de gagner au moins deux notes de DPE (passer de F à D par exemple). En revanche, ceux qui se contenteront d'un seul geste d'isolation, pour eux, MaPrimeRénov disparaît en 2024.

Pour les ménages les plus modestes, jusqu’à 70.000 euros de travaux pourront être pris en compte pour les rénovations les plus performantes et le taux de prise en charge pourra atteindre 90%. De plus, les aides à l’installation de pompes à chaleur air/eau et géothermiques passent de 1000 euros à 2000 euros pour les ménages aux revenus modestes et intermédiaires.