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Plus de 3 millions de logements vacants: la faute des multipropriétaires?

Publié le 26/05/2025
La chercheuse Laure Casanova Enault tente d'établir le lien entre multipropriétaires de plus en plus nombreux et un taux de vacance qui augmente.

Les multipropriétaires accumulent de plus en plus de logements, ce qui constitue un des nombreux facteurs des difficultés d'accès à un logement abordable, selon une chercheuse, même si le lien avec l'augmentation du nombre de logements vacants n'est pas prouvé.

"A Paris, 60% du parc privé est détenu par des personnes qui possèdent au moins cinq biens immobiliers. Ils ont plein de logements, des millions d'euros de patrimoine donc les loyers ils s'en fichent", accuse Jacques Baudrier, adjoint PCF de la mairie de Paris chargé du logement.

Côté propriétaires, on réfute le chiffre de 20% de logements vacants de la mairie de Paris. Sylvain Grataloup, président de l'Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI) assure, à partir des remontées de ses adhérents, qu'"il y a très peu de propriétaires qui laissent leur logement vacant, ou alors c'est de la vacance pour faire des travaux".

Multipropriété et taux de vacances, un lien difficile à établir

Des liens directs entre multipropriété, augmentation de la vacance des logements et réduction du parc de résidences principales sont difficiles à établir, selon la chercheuse Laure Casanova Enault, faute d'étude spécifique sur le sujet. Elle explique cependant qu'il existe depuis le début des années 2000 "une dynamique d'accumulation de logements à travers une diversité d'usages, que ce soit des résidences secondaires, des locations, des biens hérités", tandis que dans le même temps le nombre de propriétaires occupants s'est stabilisé.

Ce renforcement des multipropriétaires, qui "ont du pouvoir d'achat", laisse "moins de place pour l'accession à la propriété, pour d'autres catégories de ménages, notamment les jeunes et les plus modestes qui ont reculé parmi les propriétaires occupants", développe la maître de conférences en géographie et aménagement à l'université d'Avignon, également coordinatrice d'un programme de recherche sur la multipropriété.

"C'est peu coûteux de stocker de l'immobilier"

Selon l'Insee, les 9,6 millions de multipropriétaires, qui représentent un tiers des propriétaires, concentrent les deux tiers des logements privés en France en 2022. Parmi ces 19,1 millions de logements détenus par au moins un multipropriétaire, 2,1 millions sont vacants, soit 68% des 3,1 millions de logements vacants que comptait la France en 2022. Le taux de vacance des logements est plus élevé en zone rurale.

"C'est peu coûteux de stocker de l'immobilier" et "c'est un placement peu risqué, même si ce n'est pas toujours le plus rentable", explique Laure Casanova Enault.

Elle analyse que "certains multipropriétaires vont être moins intéressés par le taux de rentabilité locative, que par l'éventuelle plus-value à la revente qu'ils pourront faire de leurs biens ou par la capitalisation liée à la détention d'un bien immobilier". Un facteur qui peut donc les inciter à laisser un logement vacant en attendant que les prix de l'immobilier remontent.

 
 

Parmi les personnes de plus de 25 ans qui possèdent deux logements, 14,8% possèdent au moins un logement vacant. Cette part monte à 53,7% chez les propriétaires de 5 à 9 logements et à 82,7% chez ceux qui détiennent plus de 10 logements.

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